Toutefois les
transformations patronymiques ne sont pas toujours aussi évidentes, comme le
montre l’exemple du nom Sagehomme à Lignières-la-Doucelle.
Le 11 juin 1675 à Lignières-la-Doucelle, Nicolas Sagehomme épouse Marguerite Chevreuil[1]. Nicolas est le fils de Robert Sagehomme et de Jeanne Boismale. Ses grands parents sont Nicolas Sagehomme et Marguerite Coulbault.
Nicolas Sagehomme et
Marguerite Chevreuil vont avoir au moins quatre enfants, Catherine, Robert,
Nicolas et Julien, nés entre 1676 et 1685. Tous portent le nom Sagehomme dans
leur acte de naissance.
Mais un quart de siècle plus tard, les choses changent. Le 8 février 1712, le troisième enfant, Nicolas, épouse Marie Broussin à Lignières-la-Doucelle[2]. Sur l’acte on peut lire qu’il est assisté, entre autres, de Robert et Julien Sagehomme, ses frères. Or, il se trouve que Nicolas, le jeune marié, et Robert son frère, ont apposé leur paraphe. Et si Nicolas signe nSagehomme, son frère, Robert signe R lesage !
Pourquoi Robert
Sagehomme a-t-il transformé son nom en Lesage ? Difficile à dire, alors
que son frère Nicolas continue à utiliser son nom d’origine.
Continuons :
Le 28 février 1726 à Lignières-la-Doucelle, Marie Gérard se marie avec Jacques Huchet. Marie est la fille de Jacques Gérard et de Catherine Sagehomme (première enfant du couple Nicolas Sagehomme-Marguerite Chevreuil). Sur l’acte de mariage Marie Gérard, l’épouse est dite fille de défunte Catherine Lesage[3]. Là aussi, le nom est donc maintenant transformé.
Le
22 octobre 1731 à Lignières-la-Doucelle, Robert Lesage, fils de feu Nicolas et
défunte Marguerite Chevreuil, épouse Barbe Cochin[4]. Cela est conforme avec la
signature de ce même Robert, et confirme donc celle de 1712 qui n’est plus
Sagehomme. Mais son frère Nicolas paraphe également l’acte, et il signe
désormais nlesage.
Le
31 janvier 1735 à Lignières-la-Doucelle, Marie Lesage, fille de Nicolas et
Marie Broussin, épouse François Jouanne[5]. Sur l’acte Nicolas, le
père de l’épouse, et Robert son oncle, continuent à parapher nlesage et R
lesage.
C’est ainsi, qu’au début du XVIIIe siècle, le patronyme Sagehomme a disparu à Lignières-la-Doucelle au profit de celui de Lesage, sans que l’on puise pour l’instant en fournir l’explication.
Le fait que les Sagehomme paraphaient ne signifie d’ailleurs pas nécessairement qu’ils savaient écrire, ils pouvaient juste savoir reproduire leur signature. Mais cela n’explique pas la transformation du patronyme. Et le fait que les deux frères, Robert et Nicolas, n’aient pas changé leur façon de signer en même temps épaissit un peu plus le mystère.
[1] A.D. Mayenne, E dépôt 98/E, vue 51 https://archives.lamayenne.fr/archives-en-ligne/ark:/37963/r11822w4ec5k/f151
[2] A.D. Mayenne, E dépôt 98/E6, vue 112 https://archives.lamayenne.fr/archives-en-ligne/ark:/37963/r118281rt1ik/f112
[3] A.D. Mayenne, E dépôt 98/E9, vue 6 https://archives.lamayenne.fr/archives-en-ligne/ark:/37963/r705843zwvrllk/f6
[4] A.D. Mayenne, E dépôt 98/E9, vues 138-139 https://archives.lamayenne.fr/archives-en-ligne/ark:/37963/r705843zwvrllk/f138
[5] A.D. Mayenne, E dépôt 98/E10, vues 93-94 https://archives.lamayenne.fr/archives-en-ligne/ark:/37963/r705842zhmqsnk/f93