Archives du blog

mercredi 10 avril 2024

Le Père Martin de Chambois

                                                                                                                                      Coll. Gilbert Cholet

Au tout début des années 1900, les photographies sont encore chères et assez peu répandues, les journaux en comportent peu. Mais la phototypie, un procédé d’impression[1] plus souple et moins onéreux que ceux utilisés jusqu'alors va accélérer le développement de la production d’images. Ceci explique en partie l’engouement des milieux populaires pour les cartes postales, apparues quelques décennies auparavant, et qui vont être désormais utilisées comme un nouveau média. Jusque dans les plus petites bourgades un commerçant trouve ainsi le moyen de faire éditer, souvent avec des tirages limités, des vues de son village ou des scènes de la vie quotidienne. Certains en profitent pour faire leur publicité ou tout simplement envoyer leur bobine à des proches. Voilà probablement pourquoi l'on trouve des cartes postales de Chambois[2] représentant Henry Martin, dit le Père Martin.

Le Père Martin était fier de sa collection de pipes qu'il exhibait, entassée pêle-mêle dans un encadrement fixé sur un mur. C’était aussi un féru d’oiseaux, dont perchoirs et volière encombraient la salle de son estaminet. 

En effet Le Père Martin tenait avec son épouse, c'était d'ailleurs plutôt elle qui faisait fonctionner l'affaire, un café situé à un angle de la Grande Rue à Chambois, face à l’église, près de chez l’épicier Ernest Quinery[3].

Après avoir exercé diverses professions, d'abord garçon limonadier, puis ferblantier, Henry Martin avait fini par être entrepreneur de voitures publiques. Une activité pour laquelle il employait un cocher. En 1904, il était correspondant du Chemin de Fer, et proposait ses services pour acheminer des voyageurs entre Chambois et la gare d’Argentan, via le Bourg-Saint-Léonard, Silly et Urou[4]. Le voyage durait deux heures. Une première voiture partait le matin de Chambois à 6h45, et revenait à 11h, une seconde l’après-midi à 13h pour un retour à 18h.  A l’occasion, Martin faisait également de la messagerie et du camionnage.

 

Henry Martin est né le 25 août 1844 à Chambois. Il s’est marié en novembre 1868 avec Marie Amante Pauline Loreille. Le couple a eu trois enfants, tous nés à Chambois, Georges Isidore en 1870, Jules Émile en 1871, et Numa Eugène en 1872. Il est décédé le 22 février 1915 à l'âge de 70 ans.


[1] Inventée dans les années 1860, la phototypie est appliquée massivement à la carte postale vers 1895 et jusque dans les années 1925, où elle est remplacée par l’impression offset. Ce procédé d'impression à l'encre grasse au moyen de gélatine bichromatée et insolée sur plaque de verre, permet un rendu continu non tramé, rendant une image de très bonne qualité.  La carte obtenue n'est pas brillante mais mate.

[2] Chambois est une ancienne commune, située dans le département de l'Orne, devenue le 1ᵉʳ janvier 2017 une commune déléguée au sein de la commune nouvelle de Gouffern en Auge.

[3] L’adresse de la boutique de Henry Martin correspond aujourd’hui à l’angle de la Rue des Américains et de la Place des Vieilles Halles.

[4] L’Indépendant de Briouze, Putanges, Écouché, édition du 3 avril 1904, page 3 (consultable sur le site BNF Gallica).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire